Couverture et résumé :
« C’est comme si on m’avait fait un don. Un don qui m’a été arraché, me laissant bancale dans un monde qui ne veut pas de moi. »
Elle s’appelle Brume, un prénom étrange que sa grand-mère lui a donné. Brume… comme la couleur de ses yeux et de toutes ces pensées dans lesquelles elle se perd.
Elle s’appelle Brume, cette jeune femme particulière, cette jeune femme malade. Elle avance sur le campus de Berkeley en rêvant d’être comme tout le monde. Il lui arrive parfois de le croire durant quelques heures. Jusqu’à ce que l’alarme de son téléphone se déclenche, lui rappelant son traitement à prendre.
Elle s’appelle Brume… Indécise et insoumise Brume… Elle partage son temps entre ses cours de philosophie, ses toiles inachevées, sa grand-mère et son cousin Finn, gardiens de ses secrets, et ses amis qui la comprennent sans vraiment la connaître.
Un jour, elle rencontre Jensen et avec lui l’espoir d’un bonheur qu’elle a longtemps cru lui être interdit. De ses faiblesses, il construira ses forces. De ses peurs, il tissera ses certitudes. De ses errances, il créera son refuge. De ses cris, il inventera ses silences.
Avec lui, elle n’aura plus jamais ni à se taire ni à se cacher.
Mon avis :
Brume a l’apparence de l’étudiante ordinaire, elle s’y efforce chaque jour. Pourtant, en elle, c’est une vraie tempête qui se déploie au quotidien. Sous traitement pour sa bipolarité, elle préfère omettre la vérité à ses plus proches camarades. Son souhait est respecté par Finn, son cousin, étudiant comme elle. Il n’a jamais trahi Brume. Brume est aussi très proche de sa grand-mère, bien plus d’elle que de ses parents. Elle a quelques soucis avec son père dont l’attitude est loin d’être exemplaire. Brume est tout de même bien entourée. Elle n’espère et n’attend rien de la vie jusqu’à ce que Jensen y fasse une entrée fracassante. C’est une relation qui s’installe en douceur.
L’auteure sait tellement bien mettre en scène ses héros que je me sens toujours mal à l’aise lorsque je tente d’y mettre des mots.
Brume est particulière. Cela va bien au-delà de sa maladie. Elle peint. Elle semble faire des toiles magnifiques. J’ai imaginé chaque peinture au fil des pages, vouant à Brume une puissante admiration pour son talent. Mais elle n’a pas que cette corde à son arc. Étudier la philosophie est probablement le meilleur cursus qu’elle ait pu choisir… Brume est une héroïne extraordinaire dans les bons et les mauvais moments.
Concernant Jensen, c’est un drôle de jeune homme qui va s’acharner pour espérer attirer l’attention de Brume. Il fonce en ayant connaissance de la maladie de Brume. Il est attachant à bien des égards, un homme très adapté à Brume.
Ce n’est pas une relation classique entre eux. Brume émet des réserves sur la possibilité que cela puisse durer, de façon récurrente. Elle se juge indigne d’amour.
Être bipolaire ou maniaco-dépressif, même sous traitement, n’est pas facile. Brume sait qu’elle a besoin de ses médicaments pour ne pas sombrer dans la folie, celle qui lui permet de voler, d’être si haut, de briller… Après de tels moments survient la dépression, celle qui cloue au sol, donnant des envies suicidaires. Ses gélules sont une obsession pour Brume. Je trouve que l’auteure aborde la maladie au plus juste. Nous sommes dans la tête de Brume : elle nage dans un océan tumultueux en permanence. On suit son raisonnement, pas toujours clair. (Je doute que nos cheminements de pensées le soient si l’on devait s’y pencher…)
Cela dit, je n’ai pas vraiment eu envie de qualifier Brume de « folle ». Je ne crois pas à la normalité. Elle est définie par d’autres, elle est différente d’un endroit à l’autre, d’un esprit à l’autre. Chaque être possède sa propre folie le faisant paraître dingue aux yeux de celui qui regarde. Brume est malade, c’est une réalité. Un constat sombre parce que chaque épisode où elle vit intensément est suivi par une phase suicidaire. Cela ne doit pas être pris à la légère mais ne devrait pas définir la personne qui subit au quotidien sa bipolarité.
L’histoire de Brume et Jensen est forte. Tous ceux qui ont déjà pu lire l’auteure sous le nom de Lily Haime, ne seront pas surpris par l’intensité des émotions dans ce récit. Une plume qui sait faire battre les cœurs. J’ai adoré le passage des poupées russes. J’ai aimé les interludes. J’ai apprécié les héros même lorsque le bon sens leur faisait défaut. J’ai trouvé intéressant que chaque personnage secondaire apporte sa propre pierre au texte, les rendant indispensables.
Ce roman est sublime du début à la fin.
Ce n’est pas tout à fait un coup de cœur. Je ne saurai dire ce qu’il a manqué pour y parvenir mais c’est un récit marquant qui ne me quittera jamais.
Ma note : 4,8/5